L'ELSÄSSISCHER ORGELREFORM
par Emmanuel FABRE
(organiste titulaire de l'orgue de l'église Saint-Pierre-le-Jeune-catholique
de Strasbourg)
Les Références
Dans la même période, à deux années de distance, en 1896 et 1898,
Emile RUPP et un autre organiste alsacien, Albert SCHWEITZER, vont à Paris approfondir
leur art auprès de WIDOR. Ils côtoient de ce fait Aristide CAVAILLÉ-COLL et
ses réalisations à Saint-Sulpice ou Notre-Dame. Ils s'aperçoivent alors que
ces orgues mécaniques, riches en fournitures et en anches, favorisaient davantage
l'expression de la polyphonie, notamment celle de BACH, que l'orgue romantique
germanique.
De retour en Alsace, ils vont à la découverte des SILBERMANN - ou des supposés
tels - qui, eux aussi, permettaient une délicatesse et une clarté de jeu oubliées.
RUPP découvre les orgues de Marmoutier et Ebersmunster, instruments qui, grâce
à la pauvreté de leurs paroisses, sont restés très authentiques.
De son côté, SCHWEITZER est depuis longtemps un connaisseur et un fervent admirateur
de BACH. À partir de 1893, il accompagne à l'orgue les cantates et passions
du cantor de Leipzig qu'Ernest MÜNCH donne à Saint-Guillaume avec son fameux
chœur. Mais à Saint-Guillaume, il ne reste plus grand chose de l'orgue André
SILBERMANN, transformé successivement par WETZEL et KOULEN, avant sa reconstruction
complète en 1898 par WALCKER. Il en va de même à Saint-Nicolas où, en 1900,
il touche un orgue qui n'a plus qu'un lointain rapport avec le seul exemple
alsacien de collaboration entre André et Gottfried SILBERMANN. Là encore, les
remaniements successifs ne laissent que peu de place aux plus anciens tuyaux
SILBERMANN du monde. C'est finalement son poste à Saint-Thomas qui rapprochera
le plus SCHWEITZER de la tradition SILBERMANN. L'orgue a bien sûr beaucoup évolué
depuis sa construction en 1741 par Jean-André SILBERMANN. L'instrument que SCHWEITZER
trouve à son arrivée va déterminer une bonne partie des conceptions de SCHWEITZER.
Tout d'abord, il y retrouve une traction mécanique, chose à peu près unique
parmi les grands instruments qu'il a l'occasion de toucher. Il en reconnaît
tout de suite les immenses avantages : "Ce n'est qu'à travers une traction mécanique
qu'on entretient avec son orgue une véritable relation vivante." Donc, "Retour
au bel orgue", cri lancé par SCHWEITZER et repris comme principe fondamental
par les Réformateurs.
Ce cri ne signifie pas retour à l'orgue ancien, mais retour à l'orgue de maître,
par opposition à l'orgue d'usine. Le but est surtout de retrouver la qualité
de construction que symbolisaient SILBERMANN ou CAVAILLÉ-COLL.
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